History of Prisons – A Selected Bibliography propose une bibliographie thématique consacrée à l’histoire de la prison et plus largement de l’enfermement depuis l’époque moderne.
Martine Charageat, Élisabeth Lusset, Mathieu Vivas dir., Les espaces carcéraux au Moyen Âge, Bordeaux, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2021.
Si les travaux récents ont renouvelé la connaissance des lieux d’exécution et de l’agencement interne des lieux de réclusion au Moyen Âge, restaient à étudier la distribution des espaces et des territoires carcéraux, en particulier les dynamiques et logiques socio-spatiales de leur implantation. Ce sont ces espaces carcéraux qui ont été proposés à la réflexion de médiévistes, historiens, archéologues et littéraires, et qui sont l’objet de ce livre.
Par espace carcéral, nous entendons l’espace marqué, ou plus exactement produit, par un ou plusieurs lieux d’incarcération : les espaces intérieurs d’une prison dans leur complexité et l’espace extérieur, qu’il soit celui des arrestations, celui des exécutions judiciaires ou celui du voisinage immédiat de la geôle. Les quatorze études proposées ont été menées à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier, d’une ville ou d’une région et mobilisent une grande diversité de sources : documents judiciaires, réglementations urbaines, règlements de prison, comptabilités, iconographie, sources archéologiques, textes littéraires, etc.
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Natalia Muchnik, Les prisons de la foi. L’enfermement des minorités (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Puf, 2019.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les prisons ont été des espaces d’autonomie, voire de liberté, pour les minorités religieuses clandestines des XVIe-XVIIIe siècles. Récusants catholiques dans l’Angleterre protestante, crypto-protestants français après la révocation de l’édit de Nantes, morisques et marranes qui pratiquaient l’islam ou le judaïsme dans l’Espagne inquisitoriale, en ont fait des lieux de résistance, de culte et de sociabilité. Ils y ont laissé des graffiti, rédigé des lettres ou des livres, propagé des rumeurs et dissimulé des objets. L’expérience de l’incarcération et la figure du détenu ont alors acquis une fonction centrale dans la construction de ces communautés, dont la résistance à la répression passait par le sentiment du sacré et l’usage du secret.
Natalia Muchnik propose à travers cette exploration vivante des prisons d’Ancien Régime, et du sort des minorités religieuses en leur sein, une étude novatrice des lieux d’enfermement.
Sophie Abdela, La prison parisienne au XVIIIe siècle, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2019.
On sait peu de choses sur la prison d’Ancien Régime. Les historiens, fascinés par le pénitencier, l’ont largement négligée. Ce livre comble cette lacune en explorant le monde carcéral parisien du XVIIIe siècle, et particulièrement la geôle ordinaire
La prison y est abordée comme un objet urbain parfaitement intégré dans les dynamiques et les trajectoires quotidiennes de la capitale. Entre ville et prison, les échanges sont nombreux, voire incessants?: visiteurs et voisins rendent l’isolement du monde carcéral impossible, peut-être même indésirable.
La prison est aussi considérée comme un objet économique. D’une part, son fonctionnement quotidien dépend des – rares – fonds qui lui sont accordés par l’État et par les élites de la capitale. D’autre part, elle s’inscrit dans les circuits financiers de Paris par le biais d’une panoplie de marchands chargés de fournir l’univers carcéral en marchandises et denrées de toutes sortes. Pour eux, la prison n’est qu’une occasion d’affaires.
Finalement, la prison est un objet social?: les détenus comme le personnel s’organisent et tentent de préserver un équilibre fragile. Ils y tissent des liens – de collaboration ou de concurrence, voire d’opposition – qui contribuent à façonner la prison et à la réformer.
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Maud Ternon, Juger les fous au Moyen Âge, Paris, Presses universitaires de France, 2018.
En partant des sources parisiennes des XIIIe-XVe siècles (Parlement de Paris, Châtelet), Maud Ternon retrace l’appréhension et la prise en charge de la folie au Moyen Âge. L’étude de la folie au Moyen Âge a longtemps été abordée sous l’angle restreint des représentations, et l’ouvrage fondateur qu’est Folie et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique de Michel Foucault tente avant tout de comprendre comment le geste de renfermement des fous dans les asiles a pu émerger au XVIIe siècle. La période médiévale n’est que peu concernée. Or, les registres des cours de justice médiévales présentent un grand intérêt pour écrire l’histoire sociale de la démence. Ils donnent à voir des représentations de la folie utilisées en contexte par des acteurs variés ; ils permettent d’observer les pratiques mises en œuvre par la société autour du trouble mental. Quelles sont la ou les notions de folie mises en scène au tribunal, au moyen de quel vocabulaire et de quelles catégories juridiques ? Quels genres de comportements peuvent être présentés comme des signes de folie, et comment la preuve en est-elle établie ? Dans quels types de procédures la qualification de folie apparaît-elle le plus et sert-elle le mieux l’intention du plaideur ? Quel est le sort réservé au dément dans chacune de ces situations ?
Jeanne-Marie Jandeaux, Le roi et le déshonneur des familles. Les lettres de cachet pour affaires de famille en France-Comté au XVIIIe siècle, Paris, École des chartes, 2017.
Au XVIIIe siècle, le roi reçoit des suppliques de dizaines de milliers de familles qui redoutent que le comportement déviant de l’un des leurs ne conduise au scandale d’une condamnation judiciaire. Les conséquences dangereuses des excès d’un fils cadet, de la folie d’un neveu ou de l’adultère d’une épouse amènent le monarque, père et juge suprême des sujets, à intervenir pour préserver l’honneur de la famille, en expédiant une lettre de cachet qui ordonne la détention de l’accusé. Le succès des lettres de cachet de famille éclaire d’un jour nouveau le rapport unissant l’État et la famille à la fin de l’Ancien Régime et la crise profonde née de la confrontation entre l’intérêt familial et les aspirations individuelles. La cruelle destinée des correctionnaires comtois enfermés à l’hôpital de Bellevaux à Besançon, au château de Joux, à Bicêtre, ou même exilés en Nouvelle-France et aux Antilles, montre quel est le prix payé par ceux qui, rejetés par leur famille avec l’aide de l’État, commencent à apparaître à l’approche de la Révolution comme les victimes de l’arbitraire monarchique.
Élisabeth Lusset, Crime, châtiment et grâce dans les monastères au Moyen Âge (XIIe-XVe siècle), Turnhout, Brepols, 2017.
Cet ouvrage analyse les crimes commis au sein des monastères et la manière dont les religieux criminels sont corrigés par les abbés, les évêques, les chapitres généraux des ordres religieux et les organes de la curie romaine. Il compare, à l’échelle de l’Europe, les établissements de moines, de chanoines réguliers et de moniales, qu’ils appartiennent à un ordre (Cluny, Cîteaux, Prémontré, Grande Chartreuse) ou à une nébuleuse moins définie sur le plan juridique. En explorant le fonctionnement de la justice claustrale, les peines prescrites ainsi que les mécanismes de réconciliation des criminels, l’ouvrage éclaire les processus de construction institutionnelle et de réforme des ordres religieux entre les XIIe et XVe siècles.
Clairvaux. L’aventure cistercienne. Catalogue de l’exposition du 9e centenaire de la fondation de Clairvaux, éd. Arnaud Baudin, Nicolas Dohrmann et Laurent Veyssière, Paris, Somogy, 2015.
CLAIRVAUX. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer ce que représentait ce nom pour les hommes et les femmes du Moyen Âge. L’abbaye de Clairvaux, troisième fille de Cîteaux fondée en juin 1115 aux confins de la Champagne, connaît rapidement un rayonnement extraordinaire dans tout l’Occident médiéval. Elle donne à la Chrétienté plusieurs dizaines d’abbayes de sa descendance, des milliers de moines blancs, des évêques et des cardinaux, un pape, Eugène III, et surtout un saint à la fois généreux et intransigeant : Bernard de Fontaine. Car le nom de Clairvaux peut difficilement être séparé de celui de Bernard. Lorsque le premier abbé disparaît en 1153, la situation de l’abbaye est florissante. Son apogée économique, politique et littéraire se situe entre 1200 et 1250, date à laquelle Clairvaux compte 339 filles directes et indirectes.
Grâce aux contributions des plus grands spécialistes, ce livre fait revivre Clairvaux et l’aventure cistercienne. Pour la première fois, les auteurs présentent les différentes périodes de l’histoire de Clairvaux jusqu’à sa confiscation sous la Révolution, l’expulsion des derniers moines, et sa transformation en maison centrale de détention en 1811.
Dominique Fey et Lydie Herbelot, Clairvaux, Clairvaux. Vies emmurées au XIXe siècle, Lille, TheBookEdition, 2014.
L’ouvrage Clairvaux. Vies emmurées au XIXe siècle de Dominique Fey et Lydie Herbelot brosse sur 447 pages l’histoire de la prison de Clairvaux au XIXe siècle. De ses origines, une abbaye cistercienne multiséculaire devenue bien national le 2 novembre 1789, à sa longue histoire carcérale, marquée par la présence d’un dépôt de mendicité puis l’ouverture d’une maison centrale en 1814, cette monographie propose une analyse riche et dense de « la plus grande prison de France au XIXe siècle ».
Ulrich L. Lehner, Monastic Prisons and Torture Chambers. Crime and Punishment in Central European Monasteries, 1600-1800, Wipf & Stock, 2013.
Following the Council of Trent (1545-1563), Catholic religious orders underwent substantial reform. Nevertheless, on occasion monks and nuns had to be disciplined and – if they had committed a crime – punished. Consequently, many religious orders relied on sophisticated criminal law traditions that included torture, physical punishment, and prison sentences. Ulrich L. Lehner provides for the first time an overview of how monasteries in central Europe prosecuted crime and punished their members, and thus introduces a host of new questions for anyone interested in state-church relations, gender questions, the history of violence, or the development of modern monasticism.
Jean-Marie Fritz, Silvère Menegaldo (dir.) : Réalités, images, écritures de la prison au Moyen Age, Éditions universitaires de Dijon 2012.
Si la prison est d’abord une réalité, le plus souvent terrible, règne de l’arbitraire, elle est aussi un espace imaginaire et fantasmé. Le cachot des romantiques n’est pas la prison des classiques. Chaque littérature invente en définitive son horizon carcéral et ce volume se propose de définir les contours de la prison, telle que la façonnent les textes du Moyen Age.
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La fabrique de la norme. Lieux et modes de production des normes au Moyen Âge et à l’époque moderne. Sous la direction de Véronique Beaulande-Barraud, Julie Claustre et Elsa Marmursztejn, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012.
À travers une grande variété de documents – livres de pèlerinage, lettres de grâce, statuts synodaux, hagiographies… –, la norme est ici appréhendée en diverses « fabriques » traitées au travers d’institutions, d’images et de discours. Outrepassant les frontières chronologiques et disciplinaires communes, ce volume associe à une réflexion historiographique sur la normativité des études précises de cas. Il manifeste la réelle productivité historique de l’étude des normes.
Megan Cassidy Welch, Imprisonment in the Medieval Religious Imagination, c. 1150-1400. Palgrave Macmillan, 2011.
How does imprisonment acquire meaning in particular times and places? This book looks at the importance of religious thought on ideas of imprisonment in the European Middle Ages by examining the images and ideas of imprisonment found in a diverse range of medieval religious contexts: the monastic world, the world of the crusades, the practices of the inquisitions, the world of preaching and example, and the medieval cult of saints. Together these contexts show that imprisonment provided medieval Christians with a useful way of articulating their place in the earthly world and in eternity.